Sarthe. Vices cachés sur une voiture de collection : « J’ai roulé dans un cercueil »

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Emilie JOUVIN
En apparence, la voiture de collection avait tout pour plaire. ©DR

C’était le 20 août 2020. Ce jour-là, une habitante de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe) réalise un rêve, celui de s’offrir, avec son mari, une voiture de collection.

Une Volkswagen Coccinelle datant de 1985. Mais la trentenaire va vite déchanter.

Je n’ai jamais pu rouler avec… Aujourd’hui elle dort, ou plutôt elle meurt dans un garage en attendant le procès.

L’acheteuse de la voiture 

Un procès que la jeune femme a intenté contre le vendeur de la voiture de collection et contre un contrôleur technique. 

Car la Sabolienne a, sans le savoir, roulé « dans un cercueil » pour ramener la « Cox » de Montluçon (dans l’Allier) jusque dans la Sarthe. 

Une voiture qui avait tout pour plaire 

La voiture était complètement corrodée par en dessous, mais à ce moment-là, nous n’en savions rien.

L’acheteuse de la voiture 

En apparence, la voiture de collection avait tout pour plaire. « Cela faisait quelque temps qu’on épluchait les annonces. On a trouvé ce modèle de 1985 à 8 000 € qui nous plaisait bien. On est allé le voir début août. La peinture était nickel et un ami mécanicien a jeté un œil au moteur et aux commandes. Il n’a rien vu de plus que ce que stipulait le contrôle technique. »

Achetée 6 400 €

Un contrôle technique qui, dans les défaillances critiques, ne fait état que des freins qui sont à changer. Le couple de Sarthois négocie le prix en prenant en compte ces travaux et revient le 20 août avec un chèque de banque de 6 400 €. 

COX
La « Cox » est en fait inutilisable.  ©DR

Sur le retour, la voiture est déposée dans un garage Volkswagen afin de réaliser les travaux pour la contre-visite du contrôle technique.

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« Nous, nous sommes rentrés dans la Sarthe. Mais le garage nous a rappelés pour nous dire qu’il ne disposait finalement pas de mécanicien pouvant travailler sur cette voiture ancienne et c’est finalement un garage voisin qui a accepté d’aller chercher la voiture et d’en assurer les travaux », se souvient la Sabolienne.

En panne au Lude 

Nous sommes à l’automne 2020. En pleine crise Covid, le confinement est de retour. Le temps est à l’arrêt et la voiture sera finalement prête le 18 décembre.

Nous sommes allés la chercher et j’ai conduit pour la ramener chez nous. Mon mari me suivait. Arrivée dans la Sarthe, je suis tombée en panne au Lude. La voiture n’accélérait plus.

L’acheteuse de la voiture 

« Interdite à la circulation »

Heureux hasard, un garage est spécialisé dans les vieilles voitures, au Lude. La Coccinelle de 35 ans va y passer les vacances de Noël.

Un décrassage est prévu avant de la présenter au contrôle technique, début janvier 2021.

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Mais la contre-visite ne se passe pas comme espérée. Au contraire, c’est la douche froide.

On nous a annoncé que la voiture ne passerait jamais au contrôle technique, qu’elle devrait être interdite à la circulation.

L’acheteuse de la voiture 

Pour le couple de Saboliens, c’est l’incompréhension. Le garagiste du Lude leur explique que le dessous de la Coccinelle est « mangé par la corrosion » et que le tout a été « camouflé ». 

Emilie JOUVIN
Le trajet à son volant aurait pu être fatal.  ©DR

Passé la stupeur, la trentenaire contacte son assurance. « Mais elle a n’a pas accepté de prendre en charge ce dossier, puisque la corrosion était mentionnée dans les défaillances mineures du PV du contrôle technique. » C’est donc à ses frais que la Sabolienne fait appel à un cabinet d’expertise. Dans le même temps, elle contacte le vendeur de la Coccinelle pour tenter un accord à l’amiable.

Je lui ai proposé qu’il récupère sa voiture et nous notre argent, mais il a refusé.

L’acheteuse de la voiture 

Trois experts unanimes 

Un expert se déplace donc au garage du Lude (car la voiture de collection est désormais immobilisée et ne peut plus rouler). Il est catégorique : « La corrosion aurait dû figurer dans les défaillances critiques, car la voiture est inutilisable en l’état. »

Face à ce constat, l’assurance accepte finalement de prendre en charge le dossier.  

« Se faire accompagner d’un expert » 

Contacté, l’expert en assurance qui a observé le premier la Coccinelle, confirme : « C’est un véhicule en très mauvais état, qui a été réparé et retapé par on ne sait qui, et dont la place n’est plus sur la route. » Un véhicule dont le contrôle technique ne mentionnait pas la dangerosité. « Pourtant, cette voiture représentait un vrai risque d’accident pour sa conductrice, mais aussi pour les autres usagers de la route. » Les cas comme celui-ci ne sont malheureusement pas rares. « Dans notre cabinet d’expertise, au moins une fois par mois, nous avons des histoires similaires avec des véhicules de collection. » Les Citroën 2 CV sont particulièrement concernées. 
Pour se prémunir des escrocs, il est primordial de « se faire accompagner d’un expert ou d’un passionné d’automobiles anciennes, lors de la visite du véhicule ». Si tel n’est pas le cas, il vaut mieux « préférer réaliser son achat auprès d’un spécialiste qui a pignon sur rue plutôt qu’auprès d’un particulier ». Autre élément important, bien que négligé « quasi systématiquement » : « Vérifier la concordance du numéro de série présent sur la carte grise avec celui du véhicule. Il est frappé directement sur la voiture ou sur une plaque. » Un moyen de bien identifier la voiture.  

En mai 2021, trois experts (représentant les acheteurs de la voiture, le vendeur et le contrôleur technique) sont convoqués pour une nouvelle expertise. La Sabolienne est présente, pas le vendeur.

Sans surprise, la corrosion perforante est unanimement constatée.

J’ai pu voir les trous dans les longerons. Le dessous de la voiture était comme un mille-feuille. Quand on grattait, ça tombait !

L’acheteuse de la voiture 

Pour éviter que ça se voie, « une sorte de résine a été appliquée à certains endroits. »  

Les experts expliquent à la trentenaire qu’elle aurait pu passer au travers de la voiture, ou bien qu’au premier nid de poule, la Coccinelle aurait pu se scinder en deux.

Conclusion : « La vente est considérée comme malhonnête et le vendeur doit reprendre sa voiture. » Mais une fois encore, ce dernier refuse. 

« 400 km dans un cercueil »

Le couple de Saboliens décide donc de saisir la justice. A l’automne 2022, une nouvelle expertise, judiciaire cette fois-ci, est requise.

« L’expert a pu démonter la voiture. Il a découvert qu’un câble de frein était pincé dans la structure du véhicule. Au niveau de la corrosion, lorsqu’il passait son couteau, il s’enfonçait comme dans du beurre », commente la trentenaire qui, une fois de plus, a tenu à être présente. 

Dans son rapport, l’expert, « choqué », ne mâche pas ses mots.

Il m’a confié que j’avais roulé 400 km dans un cercueil. Qu’il était inadmissible de laisser partir des gens au volant de ce véhicule.

L’acheteuse de la voiture 

Dans la foulée, il signale le contrôleur technique auprès de la préfecture de l’Allier. Un énième accord amiable est proposé au vendeur. Soldé par un refus.  

Ce sera donc au tribunal judiciaire de Montluçon de trancher. « Nous attendons de connaitre la date du jugement. Elle devrait être fixée courant 2023 », rapporte la Sabolienne qui assigne le vendeur et le contrôleur technique pour vices cachés.

Entre la reprise du véhicule, le préjudice subi, les frais d’expertise, d’avocat et de réparations inutiles, le montant réclamé est désormais de 14 000 €. 

« J’aurais pu y rester »

Les acheteurs de la Coccinelle sont usés par trois ans de procédure.

Après l’expertise judiciaire, je suis repartie en pleurs. Je me suis dit que j’aurais pu y rester.

L’acheteuse de la voiture 

Surtout, le rêve n’aura été que de courte durée. « Quand j’ai conduit la Coccinelle pour la ramener dans la Sarthe, tout le monde souriait en la voyant, faisait des signes sympathiques. C’était vraiment cool ! Mais finalement, tout ça est très moche. » 

Coccinelle
La Coccinelle dort désormais au garage, en attendant l’audience devant le tribunal.  ©Le petit Courrier – L’écho

Le temps, l’énergie et l’argent nécessaires pour venir « à bout » de cette histoire ont refroidi les amateurs de voitures de collection.

Je ne pense pas que nous retenterons un achat. Dans notre malheur, nous avons eu la chance de tomber sur le garagiste du Lude, qui accepte de garder la voiture sans frais de gardiennage depuis trois ans. Nous avons lu des témoignages d’autres personnes s’étant fait escroquer et qui, par manque d’argent ou de courage, ont laissé tomber et ainsi perdu des milliers d’euros.

L’acheteuse de la voiture 

Celle qui n’a jamais pu devenir officiellement propriétaire de la « Cox » qu’elle a tant voulue (sans contrôle technique, la carte grise n’a pas pu être établie) n’a désormais qu’une hâte : « Que tout s’arrête. » 

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Quant à la voiture, quelle que soit l’issue du procès, elle devra être exposée ou démolie, mais elle ne pourra plus jamais rouler. 

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