Si la première partie de son nom vous dit quelque chose, c’est que vous êtes passé un jour au Mans -quartier Prémartine- dans la rue Paul-Marchal. « Mon mari, mort en déportation parce qu’un S.S. l’avait fait corriger, l’accusant d’avoir mangé des pommes de terre volées », raconte, depuis son lieu de résidence à Lhomme, dans le sud de la Sarthe, Kathleen Marchal-Crenshaw.
Elle fête ses 102 ans à Lhomme
Alors qu’elle vient de fêter ses 102 ans, elle raconte ses souvenirs. Durant la Seconde Guerre mondiale, Kathleen, détenue en même temps que Paul à la prison des Archives au Mans, avait pu être libérée sur intervention d’un ami influent parce qu’elle était enceinte… Un petit Noël, figurez-vous, qui n’aura jamais connu son père.
Dans ses journaux intimes publiés en épais cahier il y a quinze ans, cette femme née de père américain le 3 janvier 1922, raconte en détail ce qui entraîna leur arrestation en avril 1944, un an seulement après leur mariage.
Nous hébergions un camarade scout, radio dans la résistance, et nous l’avons aidé à émettre, de chez nous rue Jean-Marie-Lelièvre, mais aussi depuis la Maison des œuvres de jeunesse rue du Docteur-Leroy et chez ma mère, rue Berthelot. La Gestapo a trouvé nos noms dans ses papiers.
« Sans même avoir pu l’embrasser une dernière fois… »
Ce qui s’ensuit est classique, hélas, de ce pan d’histoire de Seconde Guerre mondiale : la jeune épouse attendra plus d’un an son mari sans rien connaître de son sort et, par recoupements des témoignages, finira par apprendre qu’il était mort le 17 janvier 1945 au camp de Neu-Stassfurt. « Sans même avoir pu l’embrasser une dernière fois dans sa cellule ! »
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De ce cataclysme dans sa vie de jeune mariée et de la foi catholique qui l’a toujours animée (au sens propre du mot), Kathleen a fait une force inébranlable. « J’ai toujours pensé que j’avais eu un mari extraordinaire et qu’il avait été rappelé trop tôt… Nous nous étions connus par le scoutisme où il était chef et c’est l’aumônier qui m’avait parlé de lui ! Il était profondément croyant comme moi. »
Cofondatrice de l’association Montjoie
Employée à la préfecture puis animatrice au centre social de Renault pour les jeudis des enfants, elle a participé à la fondation de l’association Montjoie pour la protection de l’Enfance en 1947.
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Puis, elle s’est remariée en 1959 avec Cecil Crenshaw, de père américain comme elle, élevant son fils Noël, la fille née de ce deuxième lit et le fils qu’avait déjà son mari. « Une vie pas toujours facile mais qui m’a fait croiser des personnalités exceptionnelles, en parrainant des familles polonaises après-guerre ou en organisant des conférences avec des écrivains au centre diocésain de l’Étoile. »
« Pas peur de la mort »
Assurant qu’elle n’a « pas peur de la mort », Kathleen lit beaucoup d’essais et de témoignages ayant trait à la foi. Et puis elle écrit des lettres, elle répond à celles de ses amis, elle pratique la correspondance à l’ancienne avec, semble-t-il, un réel plaisir à tracer les lettres.
Je ne regarde pratiquement pas la télé, je n’ai pas le temps et ça ne m’intéresse pas !
Pour son anniversaire, le maire de Lhomme, Philippe Wehrlé est venu lui porter des fleurs au nom des Lhommois, avec beaucoup d’admiration pour cette administrée hors du commun dont l’esprit, sans doute, s’élève bien au-dessus des Hautes-Gachères où elle est arrivée au printemps 2022, dix ans après le décès de son fils.
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