En réponse à la colère des agriculteurs, le gouvernement a décidé, en février 2024, de « mettre en pause » le plan Ecophyto.
Un plan qui visait à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030 et à accélérer la recherche de solutions alternatives (un premier plan Ecophyto, lancé en 2008, ambitionnait déjà de baisser de moitié en 10 ans l’utilisation des pesticides, un échec. Le deuxième plan Ecophyto, lancé en 2015 avec le même objectif sur dix ans, a également échoué, ndlr).
Ce nouveau rétropédalage a déclenché l’ire des écologistes, et, en Sarthe, celle de PIG – Pisseuses involontaires de glyphosate.
« La santé au second plan »
« Ça me donne envie de vomir », lâche Marylène Souchard, coordinatrice de la Campagne glyphosate dans la Sarthe et le Maine-et-Loire. Une campagne nationale largement médiatisée (lire encadré) qui avait permis une action collective en justice contre, notamment, les fabricants et distributeurs de glyphosate (l’herbicide le plus utilisé dans le monde), avec le dépôt de 5 400 plaintes en France, dont 176 dans le 72 et le 49.
176 plaintes déposées
La campagne glyphosate, qui visait notamment à démontrer que l’herbicide est présent dans les urines de toute la population, a réuni 210 PIG – Pisseurs involontaires de glyphosate – dans la Sarthe et le Maine-et-Loire. Tous ont uriné sous le contrôle d’un huissier, en 2019. Les prélèvements ont été effectués au complexe sportif de La Flèche et à la salle des fêtes d’Angers. Chacun a payé son analyse (85 €). Sur les 210 PIG, dont les taux étaient tous positifs, 176 ont tenu à déposer plainte (130 €) pour mise en danger de la vie d’autrui, atteinte à l’environnement et tromperie aggravée. Etaient ciblés par ces plaintes les responsables des firmes de production de glyphosate, les organismes de contrôles et tous ceux ayant autorisé la mise sur le marché de l’herbicide.
Les agriculteurs n’étaient pas ciblés : « Ce sont les premières victimes, on se bat avec eux, pour eux. » L’ensemble des plaintes de toute la France (5 400) avait été transmis au Pôle santé du tribunal de Paris, en 2020. Toutes ont été classées sans suite par le parquet de Paris, en septembre 2023.
La Fléchoise de 63 ans, qui a centralisé les actions et réuni les plaintes des PIG, a été abasourdie par cet énième coup de frein donné au plan Ecophyto et venant s’ajouter au renouvellement de l’autorisation du glyphosate (en novembre 2023) par la Commission européenne pour une durée de dix ans.
Malgré toutes les alertes possibles, les décisions sont prises, sous la pression des lobbyistes, en faveur des grands groupes et non en faveur de la santé humaine.
« J’en ai utilisé, et je suis tombée malade »
Celle qui a été agricultrice pendant 18 ans sait de quoi elle parle.
J’en ai utilisé, du glyphosate, et ça m’a rendue malade. Il a fallu que j’en arrive là, pour ouvrir les yeux.
Une réalité trop commune. « Malgré les nombreuses études démontrant les dangers de cet herbicide qui provoque notamment des lymphomes et maladies neurologiques, de nombreux agriculteurs ne réalisent qu’une fois qu’ils sont atteints de maladies professionnelles. »
« Tous concernés »
Avec la « Campagne glypho », Marylène Souchard a pu constater que le glyphosate est « l’affaire de tous ».
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Dans la Sarthe et le Maine-et-Loire, 210 PIG ont participé aux analyses d’urine, en 2019. « Il y avait des profils très divers, des gens qui mangeaient local et bio, d’autres pas, des jeunes, des retraités, des actifs, des habitants des villes, des campagnes… »
Tous, sans exception, ont affiché un taux positif à l’herbicide.
Le taux moyen est d’1,12 ng/mL. Même un nourrisson de quatre mois, était déjà positif.
« Pas un produit biodégradable »
Patricia Alliot-Guichard, 60 ans, a été la première surprise de ces résultats.
Je vis à la campagne, près de La Flèche, je mange bio à 95%, je pensais être préservée, mais mon taux était de 1,55 !
Celui de son mari a atteint les 3,25. Un constat qui amène une foule de questions, chez la retraitée. « Où ingère-t-on l’herbicide ? Quels sont les impacts concrets sur la santé ? »
Dans pesticide, il y a « cide », qui veut dire tuer.
C’est fait pour détruire, et nos analyses montrent que, contrairement à ce qui est affirmé, ce n’est pas un produit biodégradable, puisqu’on le retrouve dans nos organismes.
Si les 5 400 plaintes déposées ont été classées sans suite par le parquet de Paris en septembre 2023, les PIG restent mobilisés.
Une nouvelle action en justice
« L’action en justice se poursuit, avec une nouvelle plainte en constitution de partie civile déposée le 14 février 2024. »
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L’un des enjeux, à l’avenir ? « Démontrer les effets néfastes sur la santé de l’ensemble des intrants chimiques, car l’argument sans cesse repris est celui qu’il n’est pas prouvé que le glyphosate, seul, est dangereux, comme il est systématiquement associé à d’autres produits. »
En attendant, « c’est l’environnement qui passe à la trappe, une nouvelle fois, et c’est désespérant ».
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Une situation qui révolte d’autant plus les deux PIG que des solutions existent. « Cultiver sans, des tas de paysans le font très bien depuis des années, c’est juste une question de volonté politique. »
Et d’interroger : « De quel droit détruit-on tout ? Quelle terre va-t-on laisser à nos petits-enfants ? »
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