Pompiers en Sarthe : « Plus que des soldats du feu, nous sommes des soldats de la vie »

, Pompiers en Sarthe : « Plus que des soldats du feu, nous sommes des soldats de la vie »

Le service d’incendie et de secours de la Sarthe cherche des pompiers volontaires. Des hommes et des femmes de 18 à 60 ans. 80 % de leurs interventions sont des secours à la personne alors que la lutte contre les feux ne représente plus que 8% de leur activité.

Sur les 2374 pompiers de la Sarthe, 2045 sont des volontaires. Ce sont eux qui interviennent en premier sur les lieux d’un accident ou d’un incendie. Mais 80 % des interventions sont des secours aux personnes en difficulté : chute à domicile, malaises etc. Les pompiers représentent donc un rouage important de la chaine de soins surtout dans un département qui manque de médecins. Entretien avec Christophe Frerson, directeur du Service Départemental d’Incendie et de Secours de la Sarthe.

Christophe Frerson, directeur du service départemental d'incendie et de secours de la Sarthe
Christophe Frerson, directeur du service départemental d’incendie et de secours de la Sarthe © Radio Franceyann lastennet

France Bleu Maine : on vous présente encore comme des soldats du feu mais ce terme est assez réducteur ?

Christophe Frerson : On pourrait même dire que nous sommes des soldats de la vie maintenant puisque 80 % de nos interventions, c’est du secours et du soin aux personnes. C’est de l’urgence réalisée en ambulance ou des interventions un peu moins urgentes du type médico social. Alors c’est vrai que l’image d’Epinal, c’est le sapeur pompier avec une tenue de feu mais ça ne représente plus que 8 % de nos interventions. 7 % c’est du secours routier; aller sauver les gens sur la route parce que personne d’autre que nous ne peut réaliser ce type de mission. Ensuite, nous avons des opérations diverses, technologiques qui représentent 5% de notre activité.

Est-ce que le manque de médecins généralistes en Sarthe explique aussi ce pourcentage élevé d’interventions de secours à la personne?

Ce n’est pas simplement que le manque de généralistes, c’est aussi la fermeture ponctuelle de certaines urgences de proximité. Cela a un impact direct et immédiat sur la disponibilité de nos sapeurs pompiers volontaires. Par exemple, une intervention qui d’accoutumée serait réalisée en une heure, en comptant l’intervention et le transport jusqu’à un hôpital de proximité, aujourd’hui, c’est plutôt 3 heures d’intervention. Je peux donner l’exemple d’une unité opérationnelle où on a mis une ambulance neuve. En trois mois, elle avait déjà parcouru 40.000 kilomètres soit 160.000 par an. Il faut vite réaliser un plan de mobilité de ces ambulances sinon elles sont usées avant même d’être amorties. Voilà une répercussion directe et immédiate.

Est-ce que cela a un impact aussi sur les sapeurs pompiers volontaires du département qui représentent plus de 80% des effectifs ?

Effectivement. Si nous avons beaucoup de sapeurs pompiers professionnels dans les zones un peu plus urbanisées, en métropole et dans les grandes villes, en revanche, dans le reste du département, ce sont des sapeurs pompiers volontaires. Ils réalisent 60% des missions. Des volontaires qui se rendent disponibles et du coup, du fait du rallongement du temps d’intervention, il y a une tension. Certains volontaires se retirent parce que faire trois heures d’intervention pour transporter des victimes, c’est prendre du temps sur la vie familiale, les enfants à l’école, la nounou, le covoiturage, arriver à l’heure, aller au travail. Bref ! Là aussi, çà a une répercussion directe et immédiate.

Etes-vous à la recherche de nouveaux pompiers volontaires ?

Oui, on recherche un certain nombre de pompiers volontaires et notamment en milieu rural. Des gens disponibles, de bonne moralité, un peu sportifs parce qu’il faut quand même une petite condition physique mais pas de grands sportifs de haut niveau. C’est Monsieur et Madame tout le monde. Vous savez, nous sommes le miroir de la population: il y a des grands, des petits, des gros, des moyens etc…

Faut-il des compétences particulières pour être pompier volontaire ?

Avoir une bonne volonté, avoir envie de servir. C’est un engagement citoyen. Et après on forme les gens pendant un certain nombre de semaines.

Quand on évoque un pompier, on pense encore d’abord à un homme plutôt jeune. Là encore, ce n’est plus tout à fait exact ?

On recrute entre des personnes âgées de 18 à 55-60 ans puisqu’on peut aller jusqu’à 65 ans en tant que sapeur pompier volontaire. Alors c’est sûr, on ne va pas recruter un agent à 64 ans, ça ne serait pas rentable ni pour lui, ni pour nous. Le temps de se former et il ne serait pas disponible pour monter dans les camions. Mais effectivement, on recrute des hommes, des femmes.

Quel est le pourcentage de femmes pompiers en Sarthe ?

Aujourd’hui on est à peu près à 22 %. On veut augmenter ce pourcentage, bien évidemment et pour ça, on aménage nos centres de secours avec des dispositions particulières, des tenues spécifiques pour le personnel féminin. En règle générale, les hommes et les femmes ne se déshabillent pas au même endroit pour s’équiper en uniforme. C’est préférable. Nous avons toujours besoin de vestiaires différenciés. Or les casernes n’étaient pas forcément conçues à l’époque pour du personnel à moitié féminin et à moitié masculin. Aujourd’hui, on s’adapte pour que le personnel féminin se sente aussi à l’aise que le personnel masculin.

La plupart des sapeurs pompiers volontaires ont un métier. Est-ce facile de convaincre les entreprises de les libérer pour partir en intervention ?

Quasiment tous nos pompiers volontaires travaillent. Quand ils sont sans emploi, c’est temporaire. Donc oui, on essaye de développer des conventions avec des entreprises, de grandes entreprises, des PME, mais aussi des artisans, les boulangers. On a besoin de gens durant la journée, disponibles, proches des lieux d’intervention. Nous passons aussi des conventions avec les communes. Du coup, elles peuvent libérer pendant un temps minimum, une heure ou deux heures, un de leurs agents pour qu’il participe à l’intervention : un feu, un secours routier qui ne nécessite pas trois ou quatre heures d’intervention par exemple.

C’est la période de vente des calendriers des pompiers. Combien cela rapporte et à quoi sert l’argent ?

L’argent récolté sert à améliorer l’ordinaire. Cela sert à payer des assurances complémentaires pour nos sapeurs pompiers volontaires. Ça sert à développer un esprit de cohésion de groupe, à payer un banquet durant la Sainte-Barbe par exemple, à développer des agrès sportifs, à acheter, par exemple, une télévision, un bloc de fauteuils pour créér une ambiance conviviale au niveau du foyer. Nous avons 74 unités opérationnelles. Cela représente un coût. Et puis une partie de l’argent des calendriers sert aussi à venir en aide aux pupilles de la nation.

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