Dans le blanc du ciel de Gabriel Belgeonne
Qui a goûté, ne serait-ce qu’une fois, aux plaisirs que ce sage au nez fin développe dans tout espace, naturel ou pas, qu’il exploite ou reconfigure selon une saine dévotion pour les surprises, en redemande d’instinct, mû par le souci d’en explorer d’autres inédits ou ses variations sur un même thème.
C’est ce type de fête auquel Métais nous convie une fois de plus, la source de ses diverses implications étant à trouver dans sa faconde à se jouer des imprévus, pourvu qu’ils s’affirment en conformité avec ses prérogatives.
Le sculpteur d’abord. Nous savons qu’il vise le monumental, soucieux que ses formes, fussent-elles alambiquées, peu conformes aux figures trop habituelles ou rigides, s’octroient l’espace en en arrondissant les angles, c’est-à-dire en rayonnant par un je ne sais quoi – couleur ou perforations dans le métal – qui transfigure autant le contenant que le contenu. C’est son souci, une réussite incontestable au bout de ses implications spatiales.
Créateur et recréateur
En quête du mouvement et du temps, Métais jongle entre les offrandes faites à un public toujours plus conquis. Ses fameux “sabliers” ont, cette fois pris une nouvelle dimension. Davantage sculpturaux, ils sont aussi davantage encore chargés de sens. Du giratoire au versant renversé, ils nous convainquent que tout est, dans la vie, une affaire de réception. D’adhésion. Entre géométries et mots soudain en filigrane – “Ivresse”, “Ici”, “Amour”, “Eperdument” -, ils développent une présence qui réconforte l’arpenteur d’une sorte d’existentiel. Il a plus d’une centaine de sabliers à son actif.
Deux mondes coexistent dans le travail, tout de rigueur, de Métais : du vigneron au rêveur, du spécialiste en vinifications – rappelons que son fameux Jasnières s’est, plus d’une fois, payé le scalp du non moins célèbre Yquem dans des dégustations à l’aveugle – au créateur de formes qui doivent leurs attraits à des horizontalités ou verticalités parfois improbables, mélangées entre elles. Elles sont, qui plus est, désormais assorties de bleu, de rouge, de blanc ou de noir. Percées de trous, ces appropriations sculpturales jouent à qui perd gagne entre réverbérations inattendues et déclinaisons subtiles. De beaux exemples enrichissent parcs et places à Luxembourg, Valenciennes, Boulogne-Billancourt, Shangaï ou Tianjin.
La dangereuse poésie du monde de Michel Bocart
Chez Les Métais et apparentés, on fut vigneron en toutes saisons – sauf durant la Seconde Guerre mondiale – depuis le XVIe siècle, mais le vin n’était alors pas commercialisé, réservé plutôt aux auberges. Depuis 1780, la mise en bouteille fut une constante de la maison. Jean-Bernard Métais assure et conforte la tradition et les plus experts goûteurs de nectars ont déambulé, gosiers alléchés, dans son chaix, mine réjouie.
Photographe à ses heures, notre Métais prolixe témoigne, depuis quelques bonnes lunes, de la richesse chromatique de ses fonds de cuvier : “La main invisible du vin”, précise-t-il joliment. De beaux exemples soulignent cette réalité surprenante. Joie retrouvée après un terrible accident avec son tracteur renversé sur lui, Métais convient que cet accident l’a remis en piste : “On tombe et on oublie qu’on est tombé”, dit-il, renversant et lucide.
Enfin, ultime provocation qui enchante : souffleur de verre à ses heures, Métais ajoute la grâce à la solidité de ses fers et métaux perforés : ses fioles aux courbes enchantées confient dès lors une autre lumière à l’espace. “Saignée d’Aunis” ou “Vin Chenin”, rouge, ocre ou jaune, vin d’exception en leurs fragiles formulations, leur lumière est un cadeau de plus.
Jean-Bernard Métais : Résonance Art contemporain Où Galerie La Forest Divonne, 66, rue de l’Hôtel des Monnaies, 1060 Bruxelles. www.galerielaforestdivonne.com et 02.544.16.73 Quand Jusqu’au 11 mai, du mardi au samedi, de 11 à 19 heures.
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