Face au réchauffement climatique, la question de la gestion de l’eau se pose de façon de plus en plus criante. Les sécheresses se multiplient et sont de plus en plus précoces.
Installé à La Chapelle-Saint-Aubin (Sarthe), Dominique Trichard est depuis 2019 à la tête de sa microferme bio Le Panier à Roulettes, où il cultive une trentaine de légumes différents, de petits fruits et de la rhubarbe. Il s’évertue à optimiser sa consommation d’eau afin d’éviter le gaspillage de cette ressource.
Un système d’irrigation pour économiser l’eau
Si la situation a été moins critique en 2023 en raison de précipitations plus importantes, l’été 2022 avait été marqué par un épisode de sécheresse qui s’est inscrit dans la durée en Sarthe avec un niveau alarmant des nappes phréatiques. La préfecture avait pris une série d’arrêtés pour limiter drastiquement l’usage de l’eau. Début 2023, le Département avait même incité à maîtriser sa consommation d’eau en raison d’un phénomène de sécheresse hivernale.
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Un manque d’eau qui a conforté Dominique Trichard dans l’idée de limiter le plus possible sa consommation en eau dans ses activités.
« J’ai choisi de consommer moins de 1000 m3 d’eau par an sur mon terrain (0,9 hectare, ndlr). Il faut essayer de mettre juste la quantité d’eau nécessaire sur les cultures », explique celui qui a travaillé pendant 30 ans dans l’industrie automobile avant de se reconvertir. Il a notamment mis en place un système d’irrigation goutte à goutte sur une part importante de ses cultures.
Le goutte à goutte est le plus adapté puisqu’il fait une distribution de l’eau sur le rang et permet d’être moins dépensier par rapport à une aspersion en plein champ, qui arrose partout.
Pour que l’arrosage soit plus efficace, le quinquagénaire a mis en place des bâches tissées sur ses cultures afin de conserver plus longtemps la fraîcheur prodiguée par le goutte à goutte.
Anticipation et adaptation
Pour l’ensemble de ses légumes fruits, le maraîcher utilisait cette technique. Afin de réduire encore davantage la consommation d’eau, il a choisi en 2023 d’étendre cette irrigation plus économe à la culture de ses pommes de terre, choux, céleris raves, poireaux, oignons, échalotes et salades.
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« Tous les ans, je rachète des lignes de goutte à goutte, j’en mets un peu plus pour essayer de mieux distribuer l’eau sur mon terrain », illustre-t-il. Au-delà de ce système, l’anticipation permet aussi de mieux maîtriser l’utilisation d’eau.
« Des maraîchers prévoient à l’avance un planning d’irrigation sur la semaine », met en évidence Amandine Deboisse, animatrice technique maraîchage au sein du GAB 72 (Groupement des AgroBiologistes de la Sarthe). C’est le cas de Dominique Trichard qui suit de près sa consommation d’eau. « Je me suis fait un tableau indiquant que tel jour, j’arrose telle culture s’il y en a besoin. Cela me permet de mettre la bonne quantité d’eau au bon moment », détaille-t-il.
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« Dans les scénarios les plus pessimistes quant au réchauffement climatique, on aura les même volumes d’eau dans l’année mais pas la même répartition : beaucoup d’eau l’hiver et beaucoup moins l’été donc il faudra qu’on s’adapte. »
Quelles pratiques chez les maraîchers Sarthois ?
La réflexion autour d’une pratique maraîchère biologique plus sobre en eau est menée en Sarthe. Le GAB 72, qui accompagne producteurs et porteurs de projets vers une agriculture biologique, a créé en 2023 un groupe dédié composé de 12 fermes dont celle de Dominique Trichard. 6 ont fait l’objet d’un diagnostic afin de faire remonter les bonnes pratiques et les freins à la mise en place de système d’irrigation plus économe.
Les principaux travaux du groupe en 2023
Le groupe irrigation maraîchage bio Sarthe a réalisé plusieurs travaux en 2023 concernant la préservation de la ressource en eau :
– rencontres entre maraîchers pour découvrir les systèmes d’irrigation et échanger.
– diagnostics pour lister les bonnes pratiques et pistes d’amélioration
– suivi quantitatif des consommations en maraîchage (collecte des données sur les lieux de production).
– élaboration d’un guide sur l’irrigation pour les maraîchers.
– mise en place d’une journée de formation pour se perfectionner sur le sujet.
Si le système d’irrigation au goutte à goutte ne peut pas pleinement se substituer à l’aspersion, des moyens d’économiser l’eau ont été identifiés.
« Il y a des leviers d’optimisation sur l’utilisation du paillage plastique [bâches tissées, ndlr], l’élargissement du goutte à goutte ou la plantation de semis qui ont une meilleure capacité à aller chercher en profondeur », énumère Amandine Deboisse.
Cela ne veut pas toujours dire que la quantité d’eau va être réduite puisque ces fermes avaient déjà une volonté d’économiser mais l’eau est beaucoup mieux employée.
Certains maraîchers se frottent néanmoins à des freins selon le GAB 72 : l’investissement financier que représente la mise en place de ce système d’irrigation et son temps de pose (et de dépose).
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