L’Ehpad du Foulon à La Ferté-Bernard s’est retrouvé un peu sonné par les accusations de la famille Perunicic. « Cela n’arrive jamais ici. Nous avons une bonne réputation », amorce la directrice.
Les trois professionnels de santé présents lors de l’entrevue avec l’établissement ont souhaité rester anonymes.
« Nous avons tout retracé »
D’emblée, la direction a accepté de donner sa version des faits, et un rendez-vous était pris rapidement. Juste le temps de se rencarder auprès du personnel de terrain, au contact des résidents.
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La directrice poursuit : « Nous avons tout retracé depuis l’arrivée de ce résident. On ne se base que sur des faits. »
Sûrs d’eux, et du professionnalisme de leur équipe, ils n’ont éludé aucune question.
Face aux accusations, ils ont repointé les faits un à un.
Commençons par la chambre, non adéquate à celle visitée.
Quand une famille vient visiter l’établissement, on lui montre la chambre vide que le résident va occuper. Mais trois semaines après la visite de cette famille, nous n’avons plus eu de nouvelles. Entre temps, la chambre a été prise. En revanche, quand ils sont revenus vers nous, il y a eu une espèce d’urgence… On peut le comprendre s’ils avaient mis leur vie entre parenthèses ces dernières années.
En fauteuil roulant à son arrivée
Appuyée par son infirmière coordinatrice, à propos de la première nuit, et de la fuite. « Lors de notre entrevue à la visite, Monsieur Perunicic était en fauteuil roulant, et nous n’avons eu aucun dialogue avec lui. Je ne pensais pas qu’il pourrait donc s’enfuir. »
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Une adaptation très rapide a eu lieu après ce contretemps.
C’est une maladie qui fait évoluer le résident en dent de scie. A son arrivée, il a eu un bilan mobilité avec notre ergothérapeute.
Face à cette fuite, « le résident a été mis en sécurité et sous une surveillance accrue à un étage adapté », poursuit l’établissement.
Sur le problème de la pâte à modeler, « elle a été achetée. Malheureusement, face à l’état déclinant de Monsieur Perunicic, nous n’avons pas été en mesure de mettre en place cette activité. Sa stimulation était trop compliquée », regrette la directrice.
« Nous ne pouvons pas tricher »
Pour répondre à « l’attaque » sur le sommeil trop présent, la direction et le corps médical répliquent : « On le laissait dormir. Au bout de quinze jours, nous avons vu une franche dégradation. Il revenait à son état vu à son entrée dans l’établissement. Dans cette unité protégée et spécifique, il y a la possibilité d’inverser le jour et la nuit pour les résidents. »
A cause de cette pathologie, « potentiellement, ce sont des personnes qui sont actives la nuit. Dans un souci de bientraitance, nous ne voulons pas couper leur sommeil profond ».
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D’autant plus qu’il a été notifié à l’établissement que c’était une personne qui avait une habitude de vie de sommeil jusqu’à 13 h 30. « Nous avons du personnel disponible 24 h/24 et 7 j/7, donc nous avons tout à fait la possibilité de donner des repas toute la journée. »
Dans un établissement de santé, « tout est tracé. Nos transmissions retracent toutes les observations. Nous ne pouvons pas tricher ».
Testé positif au Covid
Face à la fatigue de Novak Perunicic, « nous avons mis en place des repas mixés. Il y avait des risques de fausse route, c’est un acte normal si la déglutition se fait moins facilement ». Et le manque de nourriture du résident « a fait l’objet d’une surveillance accrue. Nous avons posé une perfusion, tout en surveillant la température quelques jours avant son hospitalisation ».
A propos de l’hospitalisation, l’Ehpad tient à apporter une version différente de celle de la famille. « A 12 h 30, la fille, médecin du résident, a décidé elle-même de son hospitalisation sans attendre les résultats. Ils sont arrivés à 15 h 30, au moment où Monsieur Perunicic embarquait dans une ambulance. »
Quant à la mise en cause du médecin, « il l’aurait fait hospitaliser. D’autant plus que les résultats confirmaient son état général ».
Le médecin coordinateur du Foulon tient à apporter une précision : « à son entrée à l’hôpital, Monsieur Perunicic a été testé positif au Covid ayant entraîné des troubles graves. Il l’a peut-être attrapé lors d’une sortie en famille ou chez nous… Qu’importe ! Mais c’est un paramètre. »
Il assure également, « n’avoir jamais entendu parler de cette boule au niveau du cou ».
« Pour nous, c’est un échec »
Au sujet de la déshydratation, l’établissement l’explique « par la pose de la perfusion. On est moins hydraté sous perfusion ».
Concernant les escarres, « nous sommes catégoriques, il n’y en avait pas. Nous portons une attention particulière à cela, et de tels reproches nous font nous remettre en question ».
Sur la modification du traitement, l’explication de l’Ehpad est limpide.
Nous n’avons pas doublé du tout. La gélule oui, mais pas la molécule.
La direction fait savoir qu’elle a tenté une médiation auprès de la famille mais que celle-ci n’a pas souhaité entrer en contact avec l’Ehpad. « Ils sont dans le refus, la douleur. C’est une réaction excessive, mais la colère fait partie du deuil. C’est la première fois que nous sommes confrontés à un cas si extrême. Pour nous, c’est un échec, c’est dur à encaisser. »
La direction souhaite également avoir une pensée pour son personnel, « il est très près des gens, et ce n’est pas le reflet de leur travail au quotidien. Ils ne sont pas récompensés. »
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